Mathieu Eychenne est maître de conférences en histoire de l’Islam médiéval à l’Université Paris Diderot–Université de Paris. Historien et arabisant, docteur de l’Université Aix-Marseille (2007), sa thèse a été publiée sous le titre Liens personnels, clientélisme et réseaux de pouvoir dans le sultanat mamelouk (milieu XIIIe-fin XIVe s.) (Presses de l’Ifpo, 2013). Il a ensuite poursuivi ses recherches dans différentes institutions françaises et étrangères, notamment comme chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (2008-2013). Ses travaux portent sur l’histoire sociale, économique et environnementale du Proche-Orient médiéval (XIIe-XVIe s.).
Les 55 proposent un dossier sur les « Villes et espaces en guerre dans le monde islamique médiéval (IV-X/X-XVI siècle) ». Du X au XVI siècle, la militarisation du pouvoir et des sociétés s'est intensifiée dans le monde islamique. Ce dossier, qui s’inscrit dans le cadre des travaux menés à l’Ifao autour d’une guerre envisagée comme un phénomène social et culturel, vise à participer à une meilleure compréhension des modalités de cette militarisation. Les études qui y sont présentées s’intéressent à la dimension spatiale de la guerre, qui a été largement délaissée par les chercheurs.
Dans cet ouvrage résolument pluridisciplinaire, qui associe des historiens et des archéologues européens, américains et arabes, la guerre et la paix sont envisagées comme un couple indissociable, en interactivité permanente. Les travaux ici réunis montrent que cette interactivité est particulièrement prégnante dans le Proche-Orient arabe et musulman des xe - xvie siècles, où une classe de guerriers non arabes crée de nouveaux régimes politiques marqués par une forte militarisation du pouvoir.
Longtemps apanage des militaires, l’historiographie de la guerre a connu d’importants bouleversements après la Seconde Guerre mondiale. L’histoire militaire laissa alors la place à une histoire plus englobante, soucieuse d’analyser les liens étroits qui unissent la guerre à la société. Progressivement, ce changement gagna les spécialistes du Proche-Orient médiéval. Cet ouvrage pluridisciplinaire, qui réunit des historiens et des archéologues, offre un bilan des principaux travaux réalisés jusqu’ici, et propose, par l’exemple, des perspectives de recherche.