Le xix siècle est un moment capital pour la connaissance des musiques de l’Antiquité : la découverte de fragments de notation musicale grecque et l’étude des traités des théoriciens sont l’occasion de revisiter la musique des Anciens, tandis que les fouilles conduites à Pompéi et en Égypte mettent au jour des vestiges d’instruments que l’on s’empresse de commenter. C’est désormais le temps des premières synthèses sur l’histoire de la musique sous l’impulsion de savants allemands, anglais, belges, français et italiens.
Les hommes et les femmes de l’Antiquité entendaient-ils comme nous ? Étaient-ils sensibles à certaines sonorités plutôt qu’à d’autres ? Ces simples questions nous rappellent que les sons et leurs interprétations sont inscrits dans des constructions culturelles, à tel point que la définition même de la cacophonie et de la musique, du bruit et du silence, change en fonction des époques et des contextes.
La notion de « paysage sonore », inventée par le compositeur canadien R. Murray Schafer à la fin des années 1960, a connu un succès immédiat et constant, au risque d’une perte de sens.
La question du statut du musicien transcende les cadres chronologiques et culturels et relève d’une double démarche, anthropologique et historique. Ce thème, qui n’a jamais fait l’objet d’une véritable étude pour l’Antiquité, est ici appréhendé à travers une approche transversale et comparative. La table ronde internationale qui s’est tenue à Lyon, en 2008, a ainsi permis d’interroger la figure du musicien dans les sociétés égyptienne, mésopotamienne, grecque et romaine, du IVe millénaire av. J.-C.