Atelier | EFR :


Date de publication de l'annonce :

Rome, 15-19 octobre 2024

En 1877, le sociologue et philosophe Alfred Espinas soutenait une thèse intitulée Des sociétés animales, qui visait à étudier « la vie en commun » des animaux du point de vue de la sociologie. Alors même que se consolidait la séparation entre sciences de l'homme et sciences de la nature, censées s'occuper des sociétés animales, Espinas lançait un défi aux sciences sociales. Il a cependant fallu attendre les dernières décennies du XXe siècle pour que celles-ci s'intéressent systématiquement aux animaux et à leur position complexe et changeante dans les sociétés humaines, qui apparaissent de plus en plus hybrides.

L'observation des comportements animaux en tant que comportements sociaux soulève une série d'interrogations épistémologiques et méthodologiques défiant les frontières disciplinaires. L'éthologie de la seconde moitié du XXe siècle est marquée par l'adoption de méthodologies issues des sciences humaines, comme le montrent les recherches de Jane Goodall (1970) ou de William McGrew (1992). À leur tour, les sciences sociales se servent des connaissances éthologiques pour interpréter les comportements des animaux et leur incidence sur les affaires humaines – on peut penser, par exemple, à l'ethno-ethology de Florence Brunois, Florence Gaunet et Dominique Lestel (2006), ou à l'histoire éthologique d'Éric Baratay (2012). Si les sciences sociales aident l'éthologie à abattre les barrières d'un objectivisme incapable de rendre compte des significations situées des comportements animaux, les sciences naturelles peuvent aider les sciences sociales à limiter les risques de l'anthropomorphisme, grâce à la prise en compte des points de vue spécifiques à chaque espèce.

L’atelier propose d'explorer les façons dont les sciences sociales contribuent à la compréhension de nos interactions avec les autres êtres vivants, et les formes de mise à l'épreuve des sciences sociales par la question animale. L'histoire des animaux, la sociologie interspécifique, l'ethnographie multi-espèces constituent quelques-uns des chantiers inaugurés ces dernières années pour interroger les relations entre les êtres humains et les autres animaux. Sur cette base, l'objectif de l’atelier est d'ouvrir de nouvelles questions plutôt que de résoudre des débats en cours, en s'appuyant sur le dialogue entre étudiants et chercheurs issus de différentes disciplines et en travaillant sur des temporalités variées.

Parmi les pistes de recherche proposées, la première concerne les représentations des animaux dans différents contextes historiques, sociaux et ethnographiques, et leur impact sur les pratiques. La deuxième invite à réfléchir aux façons dont la représentation de différentes espèces animales et de diverses catégories d'êtres humains se sont entrelacées, et s'entrelacent encore aujourd'hui. Le troisième axe se concentre sur les technologies politiques de gouvernement des animaux, et invite à prendre en compte les temporalités multiples qui structurent les rapports de pouvoir entre animaux humains et non-humains – de la longue durée des processus de domestication aux temporalités plus brèves des transformations scientifiques et politiques. La quatrième piste concerne les phénomènes socio-écologiques – des événements zoonotiques aux changements climatiques – qui impliquent tous les êtres vivants à l’échelle mondiale et indépendamment de leur appartenance à une espèce.Inizio moduloFine modulo

L’atelier est ouvert aux doctorants et aux étudiants de M2 de toutes disciplines et de toutes nationalités. Une attention particulière sera portée aux questions théoriques et de méthode, à la réflexion sur les sources et les documents mobilisés et les échelles de l’analyse. Des séances historiographiques et problématiques alterneront avec des ateliers centrés sur la présentation des travaux des étudiants et une ou plusieurs visites. Les langues de travail sont le français, l’italien et l’anglais. Une bonne compréhension orale du français est toutefois nécessaire.

Date de prise de fonction :

Courriel du contact : Laura Pettinaroli