L’histoire des campagnes d’Amathonte, avant et après qu’elles soient devenues celles d’un royaume, restait une inconnue. La rareté des sources littéraires, épigraphiques et archéologiques a fait de la prospection systématique la principale méthode de collecte d’un corpus aussi exhaustif que possible. Une bande de 2 700 hectares, depuis le littoral jusqu’au piémont du Troodos, a ainsi fourni des données insoupçonnées, renouvelant totalement nos connaissances sur ce terroir. Un des apports fondamentaux a été de mettre en évidence la densité de son occupation dès l’époque préhistorique, celle que nous présentons dans ce premier volume. La richesse des données collectées a permis d’aborder plusieurs aspects de ce monde rural : ressources en silex, formes de l’habitat, rapports avec le continent et dynamique du peuplement. Pour ce dernier point, c’est le site majeur de Shillourokambos (fouillé de 1992 à 2004) qui a permis d’établir une périodisation assez fine, depuis le premier Néolithique précéramique (fin du IX e millénaire) jusqu’au Néolithique d’époque Sotira (V e millénaire). Ces matériaux ont servi de référence pour reconstituer les étapes du peuplement de cette région, étapes dont les phases les plus anciennes restaient presque inconnues à l’échelle du territoire insulaire.